• Visite en Chine à l'occasion de l'exposition universelle de Shangaï

    Visite parlementaire en Chine à l'occasion de l'exposition universelleLa Chine : El Dorado des temps modernes ?

    Ce n’est pas un voyage ordinaire…

    Parce que la Chine n’est pas un pays ordinaire ! Le monde entier a d’ailleurs les yeux rivés sur son développement.  

    Mais aussi parce que cette mission est le premier voyage parlementaire d’ampleur depuis la California Gate qui a fait couler beaucoup d’encre…et avec raison ! Qu’on se le dise,  menée avec sérieux et professionnalisme, une mission parlementaire n’a rien à voir avec un voyage d’agrément.   

    Nous avons donc rejoint la Chine en poursuivant plusieurs objectifs.

    D’une part celui de contrôler sur place la façon dont l’argent public est concrètement utilisé. C’est le cas, par exemple, dans le cadre de l’Expo universelle.

    D’autre part, il s’agit d’une fabuleuse opportunité de  prendre des contacts politiques avec des instances chinoises afin de pouvoir mieux comprendre comment fonctionne ce grand pays en développement.

    Politique chinoise : des rencontres pour comprendre

    Au niveau politique, nous avons rencontré trois délégations de la CPPCC (commission consultative pour le gouvernement central), dans trois provinces différentes. Ces commissions sont composées de politiques, scientifiques, et membres de la société civile. Ce qui équivaut, selon la dimension des provinces dont elles sont issues à des assemblées réunissant de 950 à 2500 personnes.

    Nous avons eu l’occasion de leur poser des questions. J’ai personnellement voulu en savoir plus  sur l’influence de la CPPCC dans les négociations sur le climat, et la façon dont ces commissions consultatives envisagent le post-Copenhague à Cancún. Les réponses, si on peut parler de réponses, ont été… mitigées. L’un m’a rappelé la philosophie chinoise qui tient à l’harmonie entre le ciel et la terre, et donc à l’importance du respect de notre environnement. L’autre a affirmé qu’il ne s’agissait pas d’une compétence de la CPPCC et que c’était au gouvernement central de décider…

    Quoi qu’il en soit, il a plusieurs fois été souligné que la Chine recherche le savoir-faire occidental. Si dans un premier temps, le pays est plutôt fournisseur de main d’œuvre, cela risque d’évoluer en fonction de l’augmentation progressive du taux de diplômés chinois issus de l’enseignement supérieur.

    Les belges en Chine : le ressenti occidental

    Nous avons aussi eu l’occasion de rencontrer ambassadeur, consuls, responsables AWEX, WBI et autres instances de soutien aux contacts entre la Wallonie et la Chine.… Nous devons sans doute nous rendre compte que notre petit pays n’a pas les moyens de se diviser face à un géant comme la Chine. Il est évidemment difficile de faire comprendre la différence, au niveau chinois, entre la Wallonie, la Flandre, la Belgique… Mais ça, c’est une autre histoire…

    Malgré la complexité de notre pays,  on ne peut nier l’intérêt que la Chine porte à la Belgique et plus particulièrement à la Wallonie (puisque la mission s’inscrivait dans le cadre de la semaine Wallonie-Bruxelles). Témoins de cet intérêt, les séminaires organisés au pavillon belge de l’expo, qui a chaque fois ont fait salle comble (100-130 participants). Et pas uniquement parce que les organisateurs distribuaient toutes les demi-heures des pralines aux visiteurs !

    Conditions de travail : les entreprises belges comme précurseurs ?

    Si les entreprises belges installées en Chine se portent bien… je reste mal à l’aise vis-à-vis de la gestion du personnel. Bien sûr, la loi chinoise est respectée, et les heures et jours de travail ne sont pas dépassés (40h/ sem).

    Ce qui me choque ce sont les conditions de logement : des dortoirs sans climatisation, qui semblent minuscules, dans des genres de baraquements (un peu des modules standard) de quelques étages répartis sur des km… Nous n’avons pas eu l’occasion de visiter ces logements, mais la nouvelle entreprise GSK qui s’installe à Shenzen construit de tels dortoirs pour le futur personnel. Impossible de savoir concrètement combien de personnes sont logées dans ces dortoirs qui doivent faire une dizaine de mètres carrés chacun… Pour ceux qui ne logent pas directement sur leur lieu de travail, le transport vers le lieu du travail est assuré par transport en commun. Dans un parc scientifique (de dimension chinoise : 450 mille travailleurs !), il y a 10 lignes de bus et deux futurs métros (un sous sol, un aérien) pour rejoindre leur lieu de travail.

    Inutile de préciser que, partout,  les salaires sont tellement bas qu’il est impossible pour les travailleurs venant des campagnes de rentrer chez eux plus d’une fois par an… N’aurions-nous pas un rôle à jouer, là, pour leur permettre de rentrer plus souvent, par exemple ?

    A noter cependant que les chinois (ou plutôt chinoises, car les ouvrières sont souvent des femmes – elles travaillent mieux que les hommes, nous a-ton dit) apprécient de travailler dans les entreprises belges car les conditions de travail sont meilleures que dans les entreprises chinoises (voir le film China Blue – toujours d’actualité dans les zonings pour la fabrication de jouets, vêtements, etc.).

    La pollution

    La pollution atmosphérique est tellement forte que les habitants de Shanghai, Pekin ou Canton ne voient presque jamais le soleil ni le ciel… Brume épaisse permanente !
    Dans ces villes de dizaines de millions d’habitants, il y a une recherche architecturale certaine et des efforts sont faits en matière d’énergie verte (éoliennes incluses dans le bâtiment, panneaux solaires…). Le pavillon chinois de l’Expo universelle consacre un étage complet à l’environnement, aux énergies renouvelables, à une vision très écololgique de la ville de demain… qui est tellement verte qu’elle ressemble fortement à celle de la publicité pour les biscuits Granny !

    Mais il n’empêche que chaque semaine, un nouveau gratte-ciel se construit, que la circulation urbaine devient de plus en plus problématique et que, comme dit plus haut, la pollution atteint un niveau inimaginable. Dans certaines régions du Centre, le taux d’handicap « génétique » dû à la pollution est de 10%. C’est ce que nous ont expliqué les membre d’une antenne de Handicap International que nous avons pu rencontrer. A noter que, en Chine, il y a  83 millions d’handicapés, dont 75% sont dans les campagnes. Ces personnes ont des revenus équivalents à 50%  de celui des personnes « normales » et cela pose de gros problèmes à leurs familles…

    La vision d’une belge expatriée en Chine

    Nous avons eu l’occasion de partager quelques heures de la vie d’une expatriée belge à Beijing. Sa vision de la Chine et de son développement ? D’abord, celle d’un pays en pleine mutation. Ensuite,  le constat d’une nette amélioration du quotidien de nombreux Chinois, une diminution de la pauvreté mais avec une grande différence entre la ville et la campagne. Et enfin, un développement (démesuré ?) de la région « banane » Beijing/Shanghai/Canton.

    Un aspect intéressant de sa réflexion porte sur l’avenir de l’Europe dans ce développement mondial. Elle nous voit comme un futur musée. Nous ne produirions plus rien en Europe, mais nous serions les gardiens de notre patrimoine. Elle nous recommande d’investir dans des anciens bâtiments en Europe, car ce serait l’avenir !

    En dehors de ces propos (qui n’engageaient qu’elle-même), il me semble qu’il y a un juste milieu à trouver entre sa vision et la réalité chinoise. Même si la situation de certains s’améliore, on peut s’interroger sur le type de développement actuellement en cours.  Bien sur, il faut permettre à la population chinoise d’améliorer son niveau de vie. C’est une évidence. Ce qui est plus complexe, c’est  de trouver  la meilleure manière de le faire. L’avenir et le bonheur de la population chinoise sont-ils à trouver dans le fait qu’ils quittent leur campagne pour travailler en ville ? Evidemment, ce n’est pas nous qui sommes à la manœuvre dans le développement de ce pays d’1 milliard et demi d’habitants !

    Quelques questions que je me pose

    Peut-on imaginer que nos entreprises implantées en Chine deviennent précurseurs en matière de traitement des travailleurs, de salaires et d’éco-entreprises (émissions carbone, isolation été/hiver, etc.) ? Et que ces entreprises proposent des solutions pour améliorer les conditions des travailleurs avant même que ceux-ci ne soient « obligés » de se mettre en grève ?

    Nous n’avons pas visité le centre de la Chine, mais il semble que les constats qui peuvent être faits en matière d’environnement sont légion. Par exemple, des subsides nationaux sont donnés pour le placement d’éoliennes dans les plaines centrales. Dans le règlement d’attribution, il n’est pas précisé que ces éoliennes doivent être raccordées à un réseau d’électricité…elles ne le sont donc pas. Des éoliennes sont financées par le public, mais aucune production associée. Il serait  utile de fournir un savoir-faire  en matière de gestion de projet.

    Avons-nous également des accords de coopération avec la Chine  en matière de gouvernance, législation, gestion de la chose publique,? Ils découvrent tous les jours des nouvelles pistes de législations nécessaires (travail, environnement, mobilité, évaluation…) – y aurait-il un créneau à prendre là ? -.


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